Historique de la commune

Au début de notre ère, les romains s’installent sur notre territoire.
Les légionnaires méritants ont le droit d’exploiter des fermes : “les villas” dont actuellement les fondations ont été mises à jour. La Société d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Avold s’occupe des fouilles de l’une d’elles, située “Auf dem Fels” et a déjà obtenu d’intéressants résultats : on a dégagé de bonnes substructures actuellement visibles au jour ; des poteries du 2ème siècle, une monnaie de l’empereur Antonius (138-161), col d’Amphore estampillé “LAEL” (Lucias AELIUS) du 1er siècle après J-C.

Cette période dite “gallo-romaine” prend fin au 5ème siècle avec l’invasion des peuplades venues de l’Est, entre autres les Francs, qui ont laissé leurs traces : en effet lors de la construction d’un bâtiment situé sur une éminence à l’entrée du village (lieu dit Klosters) on a découvert (1802-1805) des tombes franques renfermant des armes et diverses poteries de cette époque (Viville, dictionnaire de la Moselle II – 1817 page 28).

D’après Försteman (Altdeutsches Namembuch T1 – 1900), le village aurait été fondé par un chef franc du nom de Budhar (Bodhari). Le premier nom officiellement connu du village était Brudeville. Ce nom est repris par l’évêque de Metz en 1121, dans une charte par laquelle il confirme notre village dans les biens de l’abbaye Saint-Martin de Glandière (Longeville). Puis le nom se transforme par la suite en Buterville, Budestroff, Biederstroff pour devenir Bambiderstroff (Baumbiderstrof sous l’occupation allemande après 1871). Le nom du village est donc connu officiellement depuis qu’il figure sur les registres des biens que possédait l’Abbaye de Longeville à Bambiderstroff. Ces biens furent confirmés par la suite en 1180 par le pape Alexandre III, en 1210 par Innocent III, et en 1267 par Clément IV.

Les bulles papales sont rédigées en latin et ne contiennent que quelques lignes :
“Villam de Budestroff Cum conductu ecclesiae et decimis et mansis et obligatione duorum solidorum” : “Avec la location de l’église et avec les dîmes et les manses et l’obligation de verser 2 sous”.

Ces droits et servitudes ont existé jusqu’à la Révolution de 1789. Mais les habitants de Bambiderstroff acceptèrent difficilement ces obligations, et refusèrent de comparaître en 1681 au jour de Saint-Jean l’évangéliste, devant l’abbé de Longeville. Ils furent condamnés pour rébellion, au payement d’une amende. “Il s’agissait de plusieurs particuliers qui, pendant les pèlerinages à la chapelle, se permettaient de ne pas y assister et de trouver à se divertir aux cabarets en y jouant aux cartes et en s’y adonnant aux libérations”. (Heimbüchen Kopp)

Déjà vers 1627, un arrêt de la Cour souveraine de Nancy défendait aux religieux de l’abbaye de Longeville et à F… Hoffmann, curé de Bambiderstroff de percevoir, en qualité de décimateurs, la dîme sur les choux, fèves, navets, carottes autres légumes.

De même, nous trouvons en mémoire produit par l’abbaye pour prouver qu’elle a droit à la délivrance de bois de construction dans la forêt communale ; ainsi que la réplique des manants de Bambiderstroff qui soutiennent :
– Que les religieux de Longeville n’ont jamais eu à Bambiderstroff, ni maison, ni place de maison qui provienne de leur
fondation.
– Que bien qu’il leur soit permis de bâtir une maison à Bambiderstroff, la commune ne doit pas pour autant, être obligée
de leur fournir le bois de construction.

Mais les titres que les suppliants possèdent, datant de 1263, prouvent ce qu’ils avancent : en effet la dénomination “Butterville” pour désigner Bambiderstroff est courante dans la plupart de nos titres, aussi bien que celle de “Boterville” “Budestorf” ou “Bidestroff” et l’inscription même de ce titre suffit à faire savoir qu’il est question de Bambiderstroff.

En 1288 ce titre est encore plus en leur faveur, car il est fait mention, non seulement de la cour des religieux de Longeville à Bambiderstroff, mais encore d’un administrateur y résidant.

Comment après ces titres formels, les manants de Bambiderstroff peuvent-ils avoir le front de dire qu’il est tellement vrai que les religieux n’ont jamais eu à Bambiderstroff ni maison, ni place ! Si les habitants de Bambiderstroff étaient sincères, ils diraient eux-mêmes, qu’ils ont arraché les fondations de cette ancienne maison, et qu’ils se sont servis des pierres pour bâtir leurs maisons !

L’abbaye ne possédait qu’une partie du village, le reste appartenait comme franc-aller depuis le 12ème siècle à la famille de Varsberg (vassaux des Comtes de Luxembourg).

En 1164, le comte de Luxembourg fut obligé de donner en gage à l’évêque de Metz, les châteaux de Varsberg et de Rollinger (Raville).
L’évêque était administrateur des biens de l’abbaye de Longeville, et chargea la famille Varsberg de l’administration des biens situés à “Buterville”.
En 1308 Jacques de Varsberg, réunissait sous sa juridiction, la totalité du village, et fixait les obligations de ses sujets comme rente ; cela constitua l’amorce des querelles de souveraineté entre le luxembourg et la lorraine qui durèrent de 1569 à 1754.

Pendant la guerre de 30 ans, (1618-1648), le village fut presque totalement dévasté, et sa reconstruction fut très lente (1680 à 1750). Pour encourager les gens à reconstruire, on leur permit de prendre gratuitement le bois nécessaire dans les forêts ; on fit également appel à l’immigration ce qui explique en partie le mélange de noms patronymiques français/allemands, des habitants.

Toutes les rivalités d’intérêt et de nationalité ne trouvèrent leur fin que dans le rattachement à la France.
Le dernier Duc de Lorraine devenu empereur d’Autriche, possédait encore dans notre région, des enclaves dont l’une était formée par Bambiderstroff et sept autres villages. A sa mort, son épouse Marie-Thérèse céda au roi Louis XV par un acte de désistement (16 mai 1769) ces dernières enclaves.
C’est à partir de cette date que Bambiderstroff fit partie de la France (1769).

Dans les cahiers de doléances que les habitants de Bambiderstroff adressaient au roi Louis XVI en 1789, nous trouvons des renseignements sur la vie et la situation dans notre village.
Tout était cher et presque inaccessible au simple citoyen : le tabac et sel étaient à prix qui tentaient les gens à se les procurer par contrebande et à s’exposer ainsi à de graves dangers.
Mais peu à peu la situation s’améliora, les gens vivaient du produit de la terre ou de leur métier. Il existait à l’époque : 4 moulins à blé, 1 moulin à plâtre, 1 moulin à huile, des ateliers de tisserands, des charrons, des forgerons, des cloutiers, un facteur d’orgues ; métiers aujourd’hui disparus avec l’avènement de l’industrie, l’installation des mines de charbon.

Au 19ème siècle, la commune compta également des artistes sculpteurs, le métier de sculpteur sur pierre existant depuis fort longtemps, les carrières de grès fournissant la matière. Des noms de familles reviennent : Ney, Steinmetz, Jean-Valastre (appelé comme sculpteur à la cathédrale de Strasbourg de 1808 à 1833).
Elisabeth Ney devient célèbre en Allemagne, ainsi qu’en Amérique où la ville d’Austin (Texas) lui dédia un musée.